Chapitre XI :

Relations avec les milieux intellectuels et artistiques

A. Les « compagnons de route » de l’Union anarchiste


Carrefour entre anarchistes de tous poils, Le Libertaire sert aussi de lieu de rencontre entre les militants ouvriers et les milieux intellectuels « avancés ». Dans l’entre-deux-guerres, Eugène Bizeau, Han Ryner, Marcel et Maurice Wullens, Aurèle Patorni, Victor Margueritte, Georges Pioch, Henry Poulaille ou encore Simone Weill ont collaboré de manière plus ou moins sporadiques à la rédaction. Nous ne citons pas ces grandes figures pour faire une galerie de portraits mais pour tenter de comprendre quel type de relations l’équipe du Libertaire pouvait entretenir avec les artistes et les écrivains de son temps. (...)

B. Les « compagnons de route » de la Fédération anarchiste


Même si nous ne voulons pas nous faire l’écho ici des théories de l’historien Zeev Sternhel faisant de l’anarcho-syndicalisme un élément constitutif du fascisme, nous ne pouvons passer sous silence les nombreux cas de reconversion. De Louis Loréal à Victor Margueritte, la liste est trop longue de ces anciens animateurs ou simples « compagnons de route » du Libertaire qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, accordèrent leur soutien au régime de Vichy ou à la collaboration. Leur nombre ne peut pourtant pas permettre de discréditer le mouvement anarchiste dans son ensemble, la majorité des militants ayant eu une attitude nettement plus cohérente. Mais si ces égarés furent rapidement écartés à la Libération, le journal, prenant le contrepied des procureurs staliniens, fut dans le même temps l’une des tribunes les plus critiques des excès de l’épuration, allant jusqu’à réclamer une très large amnistie. (...)

C. Les « compagnons de route » de la Fédération communiste libertaire


La Fédération communiste libertaire n’a pas complètement rompu avec les artistes et les intellectuels qui entretenaient des relations suivies avec la Fédération anarchiste. Armand Robin continue sa collaboration au Libertaire. La générosité de Georges Brassens permet aux militants de s’installer dans un nouveau local. En privé, Georges Fontenis échange des lettres avec André Breton. Enfin, Albert Camus prend la défense de Pierre Morain. Mais l’évolution idéologique de l’organisation et son combat anticolonialiste l’amènent à tisser de nouveaux liens avec des militants venus du trotskisme et du communisme le plus orthodoxe. (...)