Proposant une lecture « libertaire » de Voyage au bout de la Nuit, Yves Pagès décrit la scène inaugurale du roman, qui voit l’anarchiste Bardamu s’enrôler sous les drapeaux, comme un « remake » de l’adhésion de nombreux antimilitaristes à l’Union sacrée. Si cette interprétation est discutable elle témoigne néanmoins du profond choc que produisit ce revirement idéologique. (...)
La Révolution soviétique dans le contexte de la Première Guerre mondiale pouvait apparaître aux yeux de bon nombre d’anarchistes comme la réalisation de leurs rêves les plus fous. Les bolcheviques n’avaient-ils pas chassé le tyran, conclu la paix et commencé une révolution sociale ? Les moyens d’informations permettant de juger de la réalité de ce mythe étant des plus limités, il faudra attendre au moins l’armistice pour que parviennent les premiers renseignements fiables. (...)
Après la perte de la direction de la C.G.T.U., l’idée d’une publication quotidienne du Libertaire va s’imposer à l’esprit des militants anarchistes comme le meilleur moyen de contrecarrer l’influence de L’Humanité dans les milieux ouvriers. Si le projet est ardemment défendu par l’équipe de rédaction, les fonds récoltés par des emprunts ou des souscriptions sont insuffisants. Pourtant, le lancement de la nouvelle formule est précipité pour profiter de la publicité faite au journal par la mort du jeune Philippe Daudet. (...)