A. Les grandes campagnes de presse (1921-1935)

Au cours des années vingt, Le Libertaire, renouant avec une tradition qui date de l’affaire Dreyfus, orchestre de vastes campagnes en faveur d’anarchistes persécutés. C’est l’occasion pour le mouvement en perte de vitesse dans les syndicats de nouer des alliances avec une partie de la gauche non communiste. Cette stratégie permet effectivement à l’Union anarchiste de rompre son isolement politique. C’est essentiellement Louis Lecoin qui en fut l’instigateur.

Ce dernier a payé son engagement pacifiste au cours de la Première Guerre mondiale par de nombreuses années de détention. Il en a conservé une haine féroce pour le régime pénitentiaire et ressent naturellement de la compassion pour les victimes de la répression politique. Sous son impulsion, la défense de Sacco et Vanzetti ou celle d’Ascaso, Durruti et Jover prend moins la forme d’une agitation révolutionnaire que d’un combat pour la justice. L’Union anarchiste y trouve son compte puisque les préoccupations humanistes de Louis Lecoin sont susceptibles d’entraîner l’adhésion d’une large partie de l’opinion française. Cette évolution préfigure la position du journal et de l’organisation au moment de la Guerre d’Espagne.